Pleins feux sur la collaborationRashna Batliwalla, pharmacienne à Ottawa, est appelée à collaborer beaucoup plus avec des professionnels essentiels à la santé de sa collectivité : les médecins de famille. « J'aurai des responsabilités à titre de pharmacienne ne délivrant pas de médicaments au sein du réseau de santé familiale de Riverside », explique Mme Batliwalla. « Les huit médecins de famille pourront m'envoyer leurs patients en quête d'un traitement particulier, et je diagnostiquerai les problèmes liés à des médicaments. » Les ententes de la sorte n'existent que sporadiquement au Canada, mais Mme Batliwalla compte parmi les sept pharmaciens ontariens s'étant engagés à participer à temps partiel, pendant plusieurs semaines, à un projet pilote d'une année visant l'intégration de la médecine familiale et de la pharmacie pour promouvoir la thérapeutique des soins primaires (IMPACT). « Il s'agit d'un projet pilote pour voir si cette formule aboutira à de meilleurs résultats pour les patients », précise celle qui prévoit également participer à des activités de sensibilisation auprès de collègues et de patients, notamment sur l'utilisation des instruments médicaux. D'autres étapes succéderont à la première année de mise en �uvre du projet IMPACT et iront jusqu'à la communication des conclusions, au milieu de 2006. Des cliniciens et des chercheurs de l'Université d'Ottawa, de l'Université McMaster et de l'Université de Toronto dirigent le projet, qui est soutenu par le Fonds pour l'adaptation des soins de santé primaires de l'Ontario. « Nous sommes en train de nous rendre compte de l'importance d'intégrer les pharmaciens à la médecine familiale pour rendre leur intervention plus efficace », note Lisa Dolovich, chercheure principale du projet IMPACT à l'Université McMaster, à Hamilton. « Nous voulons voir comment cette intégration peut améliorer les processus orientant les soins de santé ainsi que leurs résultats. Quel est le meilleur moyen de faciliter cette intégration? » Dr Lisa Moore, médecin de famille à Ottawa, observe que le projet ne représente pas une quête abstraite, mais une réponse à des difficultés réelles et constantes auxquelles font face les médecins de partout au pays, elle y compris. « L'un des plus grands défis d'un médecin de famille consiste à gérer les médicaments de ses patients », fait-elle remarquer, avant de mentionner que le choix des médicaments et le suivi des nouveaux médicaments et des thérapies différentes pour lesquels optent les patients posent aussi des défis. « La pratique clinique à laquelle donne lieu le bureau d'un médecin de famille ne permet pas de composer avec ces difficultés », poursuit-elle. « Les systèmes d'information sont médiocres et les programmes relatifs à l'interaction médicamenteuse sont généralement peu fiables et pas très conviviaux. La plupart du temps, les visites chez le médecin sont brèves - de dix à quinze minutes -, et ne sont pas propices à la résolution de ces problèmes. » Si les médecins surchargés ont du mal à suivre l'évolution des nouveaux médicaments qui inondent le marché, les pharmaciens communautaires s'en tiennent souvent à la délivrance effrénée de médicaments, un rôle qui ne leur offre pas toujours assez de temps pour discuter avec les patients. En conférant un rôle consultatif aux pharmaciens, sans que ceux-ci n'aient à délivrer de médicaments, et en les jumelant avec des mentors plus expérimentés pour leur permettre de le faire, le projet IMPACT apportera à la collectivité des avantages dont on ne profite habituellement qu'en milieu hospitalier. « Dans les hôpitaux, je remarque des équipes, alors qu'il n'y en a aucune dans la collectivité », soulève Barbara Farrell, chercheure principale adjointe dans le cadre du projet IMPACT et scientifique d'Ottawa qui, comme pharmacienne, a exercé à la fois en milieu hospitalier et dans la collectivité. « Nous tentons de sonder le processus d'intégration », enchaîne-t-elle. « La vision à laquelle nous aspirons, à la fin du projet, est celle d'une pratique exercée en synergie. Nous souhaitons une grande communication bi-directionnelle entre le pharmacien et le médecin. » Le collègue de l'Université d'Ottawa qui partage son titre comme chercheur principal dans le cadre du projet IMPACT est un médecin de famille tout aussi convaincu du besoin d'une collaboration plus soutenue. « Ce qui m'intéresse, c'est de renforcer les soins de santé primaires », indique pour sa part le Dr Keven Pottie. « Ce projet s'inspire légèrement de mon expérience personnelle, qui m'a amené à travailler dans un environnement plus rural et en collaboration étroite avec un pharmacien. » « Ce dont j'ai fini par m'apercevoir nettement, c'est que les pharmaciens ne font pas uniquement preuve de compétences et de connaissances très différentes de celles des médecins, mais aussi d'attitudes. Un médecin de famille a énormément de responsabilités liées à des soins complexes et doit prescrire une foule de médicaments, en plus de faire de la consultation et de la prévention. Le pharmacien s'en distingue par son expertise et sa capacité à se concentrer sur des éléments tels que le coût des médicaments, leur efficacité et les problèmes d'interaction. » Ayant travaillé dans les pays en développement, où les populations sont plus jeunes et les médicaments plus rares, le Dr Pottie a été particulièrement impressionné par le contraste que donne à voir, ici, une population vieillissante consommant jusqu'à 15 médicaments, si ce n'est davantage. « C'est un domaine très complexe et nous apprécierions tant de pouvoir travailler de façon synergique, plutôt que d'avoir simplement à transiger avec un autre spécialiste qui nous promulgue ses conseils, comme cela se fait tellement à l'heure actuelle », fait-il valoir. Le projet IMPACT a été conçu pour compiler les expériences vécues dans différents types de collectivités, les sites d'étude étant disséminés dans le centre-ville d'Ottawa, la banlieue d'Ottawa, dans la ville, plus petite, de Burlington ou encore à Stratford, à Mount Forest, à Toronto et à Beamsville. Fort heureusement, le programme proposé à des équipes d'environ huit à dix médecins a suscité encore plus d'intérêt que prévu. Voilà peut-être un signe de ce que nous promet l'avenir. « On est beaucoup plus conscient de ce besoin dans le milieu de la pharmacologie », note Mme Farrell. « Je pense que, avec le temps, d'autres médecins voudront adopter cette approche. » - Cet article a été publié pour la première fois le 24 mai 2004, dans un cahier spécial du quotidien The Globe and Mail. |
Chez Brian Match, la collaboration avec autrui est pratiquement innée. En tant que travailleur social et en partenariat avec plusieurs professionnels dans les domaines de la santé, de l’éducation et autres, le travail social est au cœur de sa philosophie. |
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